LUDOTHÈQUE

Dans le cadre de « Jouez-vous le Belge ? », retrouvez l’interview de Gaël Brennenraedts, réalisée par Julie :

Bonjour Gaël !

Tu as créé quatre jeux de société dont 3 édités par Azao Games, maison d’édition chênéenne. Tu as aussi participé à la création de l’extension Belge de « Tu te mets combien ». L’amour des jeux, ça te vient d’où ?

G : J’aime jouer depuis toujours, ça me vient de mon enfance. On avait des jeux chez mes parents, mais on n’a pas joué tant que ça. Avec ma maman, on jouait aux cartes, à des jeux classiques comme Hôtel, Monopoly, Uno. Il y a un jeu qui m’a marqué, enfant : Le Manoir Hanté. Il y avait un manoir en 3D, des pièges, un crâne qui roulait…. 

Tu as alors eu envie de créer des jeux originaux ?

Plus tard, je suis tombé dans les jeux modernes, des jeux aux mécaniques plus complexes. Il y avait une réflexion derrière. Le premier jeu de cette nouvelle aire auquel j’ai joué, c’était « Les Aventuriers du rail ». Il fallait réfléchir à ce qu’on fait et pourquoi. L’objectif c’était d’avoir le plus de points en étudiant notre façon de jouer pour atteindre l’objectif. Une façon de jouer stimulante. 

C’est cette découverte qui m’a ouvert les portes d’un autre univers de jeux avec plein de stimuli à aller chercher. Jouer, ça a toujours fait partie de moi avec le Patro, la lecture, les films que je regarde qui ont une part de mystère, de réflexion. Par exemple, un film plus considéré comme un film d’horreur : Battle Royale dans lequel il y avait un jeu, le maître du jeu qui dirige avec ses propres règles me stimulait dans le côté compétitif, mais attention, les jeux coopératifs me plaisent aussi.

Comment se déroule le processus de création de jeu ?

Mon premier jeu, « Ninjaaa’tak », s’appelait à la base « Désintégrateur ». J’étais alors intégrateur web (je faisais de l’interface). Je pensais à un jeu pour réunir autour de la table et en équipe. Donc réunir était présent dès le départ. La première idée était la communication entre les deux joueurs d’une même équipe. Comment vont-ils faire pour communiquer ? En montrant ses cartes ? En utilisant des codes ? Mais il ne faut pas que les autres comprennent. Puis, quand on change d’équipe, on recommence la connexion avec l’autre joueur qui devient notre nouveau partenaire. 

Comme je travaillais en agence de com’, j’ai testé le jeu avec mes collègues. Un collègue designer a accroché au jeu et a voulu dessiner les cartes pour en faire un vrai jeu. J’ai pris du plaisir à créer le jeu et lui, à créer les images.

En 2016, je suis allé au festival « Fol’En Jeux » avec le prototype tout beau. Dans la protozone (zone où les auteurs sont invités à présenter leurs prototypes aux visiteurs), les gens se sont pris au jeu. Je savais qu’il fonctionnait bien puisqu’il avait déjà été testé avant. Nicolas d’Azao Games l’a testé avec un autre éditeur. Cet éditeur était intéressé par le jeu mais n’avait pas le temps de le développer cette année-là. Nicolas m’a proposé de nous revoir à Liège. On a alors signé le premier contrat.

Ensuite, nous avons travaillé ensemble sur le thème qui ne plaisait pas vraiment à Nicolas. Dans la version « Désintégrateur », il y avait des armes. Comme le jeu est familial, il préférait une thématique positive à la destruction. On a cherché. Un moment le thème a même été « la pêche aux canards » ! Puis on s’est dit que ça serait chouette avec les ninjas parce que quand on a notre famille complète, on tape sur la table et on crie « Ninjaaa ! » et quand on pense que nos adversaires ont leur famille complète, on les attaque. Après, en soirée jeu, on a pensé qu’avoir des nains Ninja était une bonne idée. On trouvait important qu’il y ait des Ninjas féminins.

En 2018, le jeu sort, c’est une consécration, on est allé jusqu’au bout ! La tournée des festivals, une première expérience.

Pour le deuxième jeu, « Le petit monstre des bêtises », c’était différent parce que là, c’est la maison d’édition Hemma qui est venue me trouver à la Parenthèse (Note : Gaël a travaillé plusieurs années dans le magasin La Parenthèse à Liège et à Embourg) car ils voulaient créer un jeu mais ne savaient pas comment. Ils avaient l’idée d’un petit monstre qui fait des bêtises que les joueurs devraient réparer. Le jeu devait être coopératif pour des enfants à partir de 3 ans. La seule chose : le projet devait être figé dans les 3 semaines. C’était travailler sous pression avec une ligne éditoriale claire. J’ai la chance d’avoir des enfants et donc des testeurs sous la main ! (Rires) 

Le plateau du jeu est une maison vue de haut, ce qui est une perception inhabituelle pour les enfants mais l’illustratrice a fait un tellement beau travail qu’ils s’y retrouvent facilement. Hemma a adoré l’idée d’incorporer le mime dans le jeu pour réparer les bêtises du petit monstre.

Comme Hemma travaille sur le réseau de distribution du livre, le jeu est sorti sur le réseau francophone (Canada, France, …) et 15.000 boîtes ont été éditées.

En tant que créateur de jeux, on a besoin de l’expérience d’un éditeur qui sait ce qui fonctionne

Est-ce selon toi plus difficile de créer un jeu en Belgique qu’en France ou dans d’autres pays ?

Pour moi il n’y a pas de différence avec la Wallonie et la France car « le jeu n‘a pas de frontière ». Un éditeur comme « Cocktail Games » ne va pas accorder d’importance, s’il considère qu’un jeu apporte une plus-value sur sa ligne éditoriale, au fait que ce jeu soit d’un auteur belge ou non.

Un exemple d’un jeu très connu est « Times up » qui est américain. Les français n’y ont pas cru mais les Belges de « Repos Production » bien, ça les a lancés et leur a permis de faire des jeux comme 7wonders.

Une fois édités, les jeux Belges sont-ils valorisés autant que les autres ?

Pour les auteurs de jeu, la reconnaissance est importante. Ça manquait avant dans les magasins, contrairement aux livres pour lesquels on accordait de l’importance aux auteurs. Maintenant ça se fait de plus en plus de mettre les auteurs en avant car ils veulent être reconnus. Je crois que plus on cote les auteurs de jeu plus ça rend à César ce qu’il faut rende à César. Si on ne connaît pas encore l’auteur, on va aller voir ce qu’il a fait d’autre. 

Les ludothèques peuvent promouvoir la culture belge en signalant les jeux belges.

Tu seras avec nous le 6 novembre pour l’après-midi jeux Azao. Qu’as-tu envie de partager avec nos joueurs ?

Partager « Ninjaaa tak » qui est mon premier jeu et toujours disponible en y jouant ensemble mais surtout envie de partager des instants ludiques. C’est ce qui me pousse le plus à jouer : le rassemblement des gens. J’ai bien essayé les jeux solos mais il manque cette dimension d’ensemble.

Quels sont tes projets à venir ?

Le projet en cours « Brain and rats ». C’est un jeu à « rôle caché » dans lequel 2 équipes s’affrontent : les rats et les cerveaux. Un scientifique décide de transférer des neurones humains dans des rats. Les rats sont hypers contents mais pas les cerveaux qui se disent qu’il n’est pas question qu’on leur vole leurs neurones ….

C’est un jeu dynamique dont le but est d’être l’équipe qui a le plus de neurones. Tu peux prendre le risque de dévoiler ton rôle, ça te donne un super pouvoir. 

Merci Gaël ! Je me réjouis de partager avec toi ces quelques heures à venir lors de l’après-midi Azao Games. J’invite vraiment les joueurs désireux d’apprendre un jeu rapidement et dans la bonne humeur à passer s’asseoir à une table ce jour-là. 

Pour en savoir plus sur toi et tes jeux : https://lesjeuxdegael.com/

La ludothèque, située à l’étage, est un véritable endroit à découvrir ! Deux pièces sont entièrement consacrées au jeu. La pièce d’accueil est essentiellement consacrée aux petits : jeux symboliques, jeux de construction, premiers puzzles, duplo, etc. La seconde pièce quant à elle regorge de jeux pour petits, moyens et grands.

La ludothèque est un espace ouvert à tous (bébés, enfants, ados, adultes). Elle permet à chacun de trouver son bonheur parmi plus de 2000 jeux sélectionnés avec soin dans les magasins spécialisés : jeux de coopération, de stratégie, d’héroïc fantasy, de parcours, jeux d’enchères, d’adresse, de réflexe, de hasard, de questions/réponses, jeux de construction, de mémoire et d’observation, jeux d’ambiance, de bluff et de casse-tête, jouets symboliques et de « faire-semblant », playmobil, légo, poupées, jouets pour les tout-petits, puzzles, jeux d’extérieur, jeux géants et bien d’autres choses encore ! Chacun pourra y trouver son trésor !

La ludothèque, c’est un espace de prêt de jeux mais aussi un lieu d’animations, de rencontres, d’apprentissage, de découvertes et d’ouverture dont les objectifs sont multiples : faire découvrir la culture du jeu et le plaisir de jouer ensemble, aiguiser le sens critique, prendre conscience de l’importance du jeu dans les relations interpersonnelles et de l’existence de règles, du fair-play, développer la créativité de chacun et créer un lien entre bibliothèque et ludothèque. Tout ou presque est à tester et/ou à emporter ! Le mobilier est modulable pour jouer à un, deux, trois ou dix… Il suffit de l’essayer pour l’adopter !

Les ludothécaires sont là pour vous conseiller, n’hésitez pas à les solliciter !

Soirées jeux pour ados (à partir de 12 ans) et adultes tous les 3èmes vendredis du mois sauf en juillet & août (PAF : 3 € – réservation obligatoire).